Travail inspiré par les images vidéo de Jose-Miguel Carmona
(il est envisageable de présenter les images à la sortie du public, en dehors de l’espace scénique).
Poussée par un désir d’introspection, d’un retour sur soi, j’ai tourné mon regard de chorégraphe sur mon propre corps, sur sa matière au plus profond.
Alors que je revenais sans cesse sur ses résistances et coincements, je décidais que ces « nœuds » seraient à l’origine du mouvement. Ils sont devenus appuis.
Dans un cheminement obsessionnel donnant la mesure du temps, le mouvement prend forme, il ne se répète jamais identique, butte sur un nœud, le contourne ou l’affronte, se dégage, guette ses failles et tensions, cherche à le défaire pour toujours mieux le refaire, plus loin, plus tard, inlassablement. Le but en est-il de rompre une harmonie fictive non choisie qui cache un dérèglement ?
La disparition de ce qui était paradoxalement l’axe de notre existence produit une frustration. La nécessité, pour avancer, de retrouver un autre coincement se manifeste et le travail est à recommencer.
Le nœud qui tient la forme apparaît comme une confrontation, une convergence de forces qui se rencontrent, se croisent. Le défaire permettrait alors d’en savourer toute sa substance, devenant source de compréhension, de créativité. C’est un voyage intime, secret, oscillant de l’extérieur à l’intérieur. Le corps se répand et se contracte, s’allonge puis s’arrête, s’interroge avant de repartir. Transformé, il ne ressemble plus à ce que l’on connaît.